La semaine passée, Isabelle vous a présenté ce qui unit notre équipe, composée de femmes et d'hommes issus d'horizons différents : nos valeurs. Et c'est de l'une d'elles dont nous allons parler aujourd'hui : l’accueil.
Au sommaire :
L'accueil : un concept qui passe par l'histoire des sciences
« La carte n'est pas le territoire », peut être avez vous déjà lu cette phrase ça et là, mais avez-vous déjà pris le temps d'y réfléchir ? Quel sens il y a-t-il derrière cette proposition d'Alfred Korzybski (1933) ?
Afin de mieux la comprendre, il faut la replacer dans son contexte. Petit détour historique sur la démarche scientifique du début du XXème siècle.
Pour comprendre la démarche scientifique de cette époque, prenons un exemple. Je veux connaître le développement d'un plant de tomate afin de favoriser sa croissance et obtenir plus de fruits. Je commence par isoler le plant de tomate dans un environnement où je peux contrôler les variables extérieures : luminosité, eau, température… Ma 1ère expérience consiste à placer la plante à l'obscurité : la plante meurt. Je peux en conclure qu'elle a besoin de lumière. En manipulant successivement les variables, je vais ainsi définir les besoins du plant de tomate. C'est la démarche expérimentale mise en place progressivement depuis Ibn Al Haytam (XIème siècle) jusqu'au milieu du XIXème par des savants tels que Roger Bacon, Galilée, Robert Boyle ou Claude Bernard et son contemporain Michel-Eugène Chevreuil, et toujours d'actualité au XXème.
C'est là que prend racine la proposition de Korzybski ; pour lui, la méthode scientifique expérimentale est insuffisante pour répondre à un certain nombre d'interrogations scientifiques de son époque. Il va alors s'inspirer des travaux en sémantique, discipline qui consiste à étudier le sens et la significations des signes d'une langue. En effet, afin de comprendre le sens d'un mot ou d'un signe dans une phrase, il est nécessaire de la contextualiser ; par exemple le terme « plus » peut signifier « rajouter » ou « manquant » selon le contexte. Korzybski propose ainsi la démarche de la « sémantique générale » comme nouveau modèle de la démarche scientifique. Si nous l'appliquons à notre exemple précédent, le plant de tomate n'est pas à observer dans un milieu contrôlé, mais bien au contraire dans son milieu naturel et il incombe à l'observateur de comprendre les interactions de la plante et de son milieu, comme par exemple la nécessité de la pollinisation pour obtenir le fruit.
C'est pour illustrer son modèle que Korzybski énonce « la carte n'est pas le territoire ».
Quel rapport avec la notion d’accueil évoqué en début d'article me direz-vous ?
Avec un modèle scientifique permettant d'expliquer davantage de choses que le modèle précédent, il n'a pas fallu longtemps pour que d'autres scientifiques s'approprient ce modèle d'étude. C'est ainsi que la démarche se généralise dans de multiples domaines dont l'accompagnement thérapeutique. Avec une influence forte au sein des thérapies brèves (l'école de Palo Alto évoquée dans l'article panorama des présupposés de la communication et de la posture bienveillante), de la systémie ou encore de la Programmation Neuro-Linguistique (PNL). Dans ces différents modèles, la démarche proposée par Korzybski demande l'engagement du praticien dans une profonde éthique de l'accueil. Accueil de soi dans un premier temps afin de développer l'accueil de l'Autre.
Accueil de soi késako ?
L’accueil de soi, c'est avoir réalisé, réaliser ou souhaiter réaliser un travail sur sa propre personne afin de mieux se connaître. Identifier ses valeurs comme ses difficultés, ses acquis et ses lacunes, ses réussites et ses failles. C'est mieux connaître sa singularité, sa valeur ajoutée au monde. C'est également s'accepter comme on est, avec ses émotions, ses humeurs, ses hauts et ses bas, les jours avec et les jours sans. C'est se connaître suffisamment pour savoir que pour déstresser on est plutôt footing, apéro, méditation ou peut être un peu tout ça à la fois. En d'autres termes, c'est connaître, du mieux qu'il est possible, sa propre carte : la manière dont on se représente le territoire qui nous entoure. C'est un chemin plus ou moins simple suivant les moments, chemin qui évolue tout au long de sa vie.
Quel lien avec l'accueil de l'Autre ?
Maîtriser la connaissance de sa propre carte, c'est être plus à même d'accueillir l'Autre comme il est. C'est lui reconnaître une carte différente de la mienne à un même territoire donné. C'est pouvoir lui reconnaître la possibilité d'être en colère, d'être triste ou mal à l'aise sur tel ou tel sujet. En résumé, c'est en s'accueillant soi qu'on est à même d'accueillir un autre que soi.
L'accueil et l'association obe (Objectif Bien Etre)
Chacun des intervenants d'obe a cheminé et chemine encore pour s'accueillir de plus en plus, et au delà pour vous accueillir, dans chaque atelier ou séjour proposé.
C'est aussi la recherche de lieux adaptés aux personnes dont la mobilité est réduite.
C'est encore rechercher des solutions pour que le financement soit accessible à tous.
Voilà pour aujourd'hui, en espérant vous avoir permis de mieux connaître une de nos valeurs et aussi un engagement : L'ACCUEIL. A bientôt et belle semaine.
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