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Rappelez-vous la 5eme D, sur les coups de midi à la cantine assis face à ces étranges petits carrés baignant dans une vinaigrette insipide ! Pauvre bête, pauvre bette ! Voici l'histoire de la betterave !


Au sommaire :

La belle dodue

Lointaine cousine de la bette (ou blette) et apparentée par alliance à la rave (pour sa racine comestible), elle en tirera donc le doux nom de betterave (si ça c'est pas original!!).

Elle était consommée dès la préhistoire, d'après quelques scientifiques avisés, mais la plus ancienne trace que l'on ait d'elle est un peu plus récente ; c'est en 420 av JC qu'elle aurait été découverte pour la première fois, en pourtour de Méditerranée, où elle pousse (encore de nos jours d'ailleurs) à l'état sauvage. Et attention ! Restez assis ! Elle ne pousse pas en petits carrés !! Etonnant, non !!??! Elle est même bien ronde et bien dodue !

La betterave est une triplette à elle toute seule : fourragère, sucrière et potagère !

Sucrément bonne !

Pendant l'antiquité, elle était essentiellement consommée pour ses feuilles, comme les épinards ou les blettes et surtout à des fins médicinales, notamment pour la détox du foie. A cette époque, on entend déjà parler de sa sucrosité, il est dit que cette plante donne du miel végétal !

Au Moyen-Age, elle sera cultivée essentiellement dans les monastères, en France et en Espagne, surtout les variétés fourragères, pour nourrir les animaux.

Il faudra attendre le 14ème siècle pour qu'elle fasse partie de la gastronomie britannique.

En 1600, un français du nom de Olivier de Serres découvre le moyen d'extraire du sucre de la betterave ; et c'est en 1747 qu'un chimiste prussien, Sigsmund Margraff, arrive en suivant les travaux d'Olivier, à extraire du sucre solide !

Les travaux seront poursuivis, notamment en Grande Bretagne, mais à cette époque, les britanniques possèdent de nombreuses colonies, et la canne à sucre s'avère moins coûteuse et produit un meilleur sucre que la betterave, alors, la carrière sucrière de la rondelette va être mise entre parenthèses.

Blocus et célébrité

En 1806, les britanniques décrètent un blocus envers la France, empêchant toute correspondance avec les Antilles, et privant le pays de canne à sucre !

C'est alors que Napoléon Bonaparte décide de lancer un appel auprès des chercheurs de l'époque, afin de trouver un moyen de faire du sucre de qualité avec la betterave ; la voilà enfin mieux logée, grâce à un Bonaparte (je ne peux m'empêcher de caser un jeu de mot pourri par article !).

C'est un chercheur, oups, non un banquier (mais un banquier qui cherche, qui cherche, qui cherche…) Benjamin Delessert, reprenant les travaux de Magraff, qui s'attire les louanges de l'empereur en lui amenant un pain de sucre de betterave ! Cela lui a valu 100000 arpents de terre pour cultiver la betterave, et le titre de baron de l'empire !

La betterave devient de nouveau célèbre dans tout l'empire, 500 exploitations voient le jour.

La canne à sucre fit à nouveau son apparition à la fin du blocus, mais les prix allaient très vite flamber en 1848 lors de l'abolition de l'esclavage.

La potagère

Il n'y a guère de récit sur la betterave potagère qui devra rester dans l'ombre de sa cousine sucreuse de palais, elle pourtant si délicieuse et riche en fibres, minéraux…

Et bien, il faudra qu'elle attende le 19ème siècle pour être appréciée comme légume ! Notamment en Europe de l'est, où elle se rendra célèbre en colorant de belles salades, et en étant la vedette des bortschs (une soupe hongroise, mais que les russes se sont appropriés).

De nos jours, elle fait des merveilles en s'habillant de rouge, de rose ou de jaune, selon sa variété, apportant un goût terreux et suave aux plats des plus grandes tables.


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Rédacteur
Raphaël CHARVET